Devant la montée de l’art numérique et son succès notable intervient la question légitime de la position de l’art classique, dont la place de choix serait éventuellement remise en cause. Ces deux entités constituent-elles deux secteurs à part entière ou se nourrissent-elles mutuellement? Existe-t-il une concurrence entre l’art digital et l’art séculaire, le grand art? Artalistic vous propose un petit état des lieux de l’art numérique et de l’art classique, ainsi que des mouvements et des interactions qui les animent.



Art numérique et art classique: amis ou ennemis?



L’art numérique n’est pas nouveau

Résolument sur le devant de la scène depuis une dizaine d’années, notamment en regard du boom des NFT et du crypto-art, l’art numérique puise pourtant ses racines au siècle dernier.

Si le terme art numérique a bien évidemment évolué au cours des décennies, sa naissance est ancrée dans les années 1960, en corrélation avec l'avènement puis la montée en puissance progressive de l’informatique et du langage binaire.

Très confidentiel malgré la présence d’artistes tels que Frieder Nake, mathématicien allemand pionnier de l’art informatique, l’art numérique gagne en consistance au fil du temps, par exemple dans le domaine de l’art vidéo avec les expérimentations de l’homme de télévision français Jean-Christophe Averty, dans les années 1980. C’est d’ailleurs à cette époque qu’est employé pour la première fois le terme art numérique, le distinguant de l’art classique (peinture, dessin, sculpture) riche de plusieurs siècles de création.

Avec l’explosion du World Wide Web à partir des années 2000, l’art numérique se démocratise, dans sa pratique comme dans ses usages.



Un art à part entière?

Comparée à l’histoire de l’art classique, celle de l’art numérique demeure cependant réduite, au point de remettre en cause sa légitimité et de soulever cette question qui revient régulièrement sur le devant de la scène: l’art digital est-il véritablement un art?

S’il diffère fondamentalement de la notion d’art classique, matériel et concret, l’art numérique produit des œuvres qui ne peuvent pas être exclues du champ de la création. Ce fait indubitable peut être illustré par les ventes records observées dans le domaine du cyber-art, notamment celles de l’incontournable artiste américain Beeple.

Son abstraction serait par contre un frein pour de nombreux critiques qui lui reprochent sa conception uniquement virtuelle ou immatérielle, à la différence de l’art classique et de son assise physique ou manuelle.



Les passerelles entre art numérique et art classique

Les artistes entremêlent pourtant de longue date les différents outils à leur disposition dans le processus créatif, utilisant divers supports ou moyens technologiques pour laisser libre cours à leur inspiration pour inventer et réinventer. Dans le cas de l’art numérique, cette assertion prend tout son sens, en outre sublimé par la maxime du Marshall McLuhan: «Le message, c’est le médium» (Pour comprendre les médias, 1964).

Cette affirmation du philosophe et sociologue canadien des médias mérite considération à l’ère moderne marquée par les progrès des techniques de l’information et de la communication au sein desquelles l’art numérique s’épanouit pleinement. En quoi le langage informatique binaire serait-il un outil non approprié à l’expression artistique? D’autant que de nombreux artistes contemporains, et pas des moindres, comme nous allons le voir, confirment par leurs pratiques récentes cette tendance irréfutable.



Art classique: modification et réinvention des pratiques

La technologie a de tout temps été étroitement liée à la création artistique propre à l’art classique: l’usage de la peinture à l’huile daté du 15e siècle, la possibilité de se déplacer pour peindre en extérieur et ainsi de profiter des variations de lumière pour les impressionnistes, l’invention de l’appareil photo pour la captation du réel, ou, plus près de nous, donc, la naissance du digital.



L’avènement des artistes digitaux

Aujourd’hui, de nombreux artistes sont considérés comme uniquement « digitaux ». Ils innovent dans une sphère qui n’existait pas il y a quelques années encore. La démocratisation de l’accès leur offre une visibilité croissante et leur permet de vivre de leur activité, ce qui apparaît comme éminemment positif. Une évolution somme toute logique de notre époque et des modes de transmission adoptés par les nouvelles générations nées à l’heure de l’Internet.



Hockney et Koons aussi!

La révolution numérique n’a pas seulement permis de mettre en lumière ces nouveaux artistes, comme l’illustrent les œuvres récentes de signatures incontournables de l’art classique contemporain. Ils sont de plus en plus nombreux à intégrer les outils novateurs offerts par le numérique, de la modélisation en 3D à la réalité virtuelle en passant par l’intelligence artificielle.

Il en va ainsi du Britannique David Hockney, dont la dernière exposition au musée de l’orangerie à Paris a connu un vif succès (du 13 octobre 2021 au 14 février 2022). Cette icône du pop art et de l’hyperréalisme s’est fendue d’une grande frise peinte illustrant son cadre de vie en Normandie. Une œuvre monumentale de 90 mètres de long d’abord conçue sur iPad, sans pinceau ni peinture!

Autre exemple parlant, celui de l’artiste néo pop et plasticien américain Jeff Koons. Ce dernier utilise depuis plusieurs années les nouvelles technologies digitales, notamment la modélisation 3D et la réalité augmentée, en étroite collaboration avec des informaticiens et modélisateurs spécialistes des algorithmes. De l’art classique au numérique, la frontière apparaît alors bien ténue!



Voilà pour l’évolution de l’art numérique et ses relations avec l’art classique. Un dernier mot pour les collectionneurs et autres passionnés de la création: n’hésitez pas à parcourir les galeries du site Artalistic à la découverte de multiples œuvres d’art contemporain (peintures, dessins, sculptures, photographies), l’investissement dans l’art classique se révélant être une valeur sûre de la sphère artistique. Cela dure depuis des siècles, et malgré les nouvelles formes et supports inédits qui ont émergé avec l’art numérique, cela sera encore le cas pour longtemps!