Frida Kahlo, entre surréalisme et art réaliste

Artiste peintre mexicaine la plus célèbre et populaire de la planète, Frida Kahlo continue de faire l’objet d’une attention particulière, et parfois même d’une véritable vénération de la part du public et de la critique, près de trois quarts de siècle après sa mort. Artalistic vous emmène en voyage au pays de Frida Kahlo et du surréalisme, dans un univers romanesque et fascinant.

Fridha Kahlo ou le surréalisme émancipé

Des œuvres poignantes et des autoportraits passés à la postérité, un engagement politique et féministe, une vie romanesque à souhait et au final, une personnalité baignée de l’aura des plus grands : Frida Kahlo continue d’éblouir et de fasciner des générations entières.

Courant artistique et œuvre

Sur les traces d’André Breton

De son vrai nom Magdalena Frida Carmen Kahlo y Calderón, Frida Kahlo (1907-1954) est une artiste considérée comme une figure importante du surréalisme. Conceptualisé par le Français André Breton (Manifeste du surréalisme, 1924) qu’elle rencontrera en 1938 à Mexico, le surréalisme a pour vocation à résoudre les contradictions opposant le rêve et la réalité. Ses moyens d’expression reposent par exemple sur l’écriture ou la représentation de scènes défiant toute logique, ou encore sur le développement de techniques de peinture censées réveiller l’inconscient de chaque être.

Le surréalisme est un mouvement transdisciplinaire embrassant autant la littérature que les arts. Réactualisant les fondements du symbolisme à travers l’exploitation de la thématique du rêve, il est né sur les cendres du dadaïsme à l’époque de la Première Guerre mondiale.

De la réfutation du surréalisme au mexicanisme de Frida Kahlo

Réduire Frida Kahlo au surréalisme s’avère cependant un raccourci un peu facile tant elle a créé un univers singulier dans son rapport à la peinture. L’artiste elle-même s’est élevée contre cette classification qu’elle considérait comme non fondée puisqu’elle affirma toute sa vie durant qu’elle ne peignait pas le rêve mais sa propre réalité.

En plus du surréalisme, le nom de Frida Kahlo est apposé au mexicanisme, un mouvement culturel et artistique qui lui sied sans doute mieux. L’objectif du mexicanisme vise à faire ressortir et à mettre en valeur les racines précolombiennes dont sont issus de nombreux Mexicains.

Composition de l’œuvre de Frida Kahlo: au-delà du surréalisme

C’est surtout la technique picturale de Frida Kahlo qui la rapproche de l’école surréaliste, dans le sillage plus ou moins marqué de maîtres tels que Dali, Chagall, Giacometti, Magritte ou Ernst.

Frida Kahlo utilise des artifices de peinture enseignés par son père qui était un photographe architectural de métier. Son mari et amour de toute une vie, Diego Rivera, a également contribué à sa reconnaissance. Ce dernier était un muraliste adoubé par la sphère artistique.

La reine de l’autoportrait

Son œuvre est largement constituée d’autoportraits (55 réalisations sur environ 150 tableaux) retranscrivant ses humeurs et ses états d’âme, autant de visages traduisant les différentes phases d’une vie loin d’être linéaire. Le support utilisé par l’artiste mexicaine concerne majoritairement le canevas (toile ou textile enduits d’un apprêt de couleur blanche, le gesso) étiré sur une surface en bois. Frida Kahlo peignait aussi sur des planches de masonite, matériau lisse très en vogue dans les années 1920.

Frida Kahlo a également laissé un journal intime très complet illustré de nombreux dessins.

Les mille et une vies d’une artiste envoûtante et authentique

De multiples anecdotes jalonnent l'existence de Frida Kahlo qui rêvait avant tout d’épouser une carrière de médecin. Très bonne élève, son destin est une première fois contrarié, lorsqu’encore enfant, elle est atteinte de poliomyélite, maladie qui l’handicapera toute sa vie par la perte partielle de l’usage de la jambe droite.

Un accident qui bouleverse l’existence

À l’âge de 18 ans, un accident de la route, une collision entre un bus dans lequel elle se trouve et un tramway survenue en plein centre de Mexico la blesse grièvement. Frida Kahlo reste hospitalisée pendant de nombreux mois et subit une trentaine d’interventions chirurgicales à l’abdomen, transpercé par une barre de fer lors du drame. Elle réalise la majorité de ses autoportraits alitée, l’absence de sourire et les traits rectilignes exprimant souvent la douleur du cœur meurtri ainsi que les angoisses et une santé mentale fragile.

À l’avant-garde du féminisme

Au Mexique, Frida Kahlo jouit très vite d’un culte qui traversera rapidement les frontières. Elle est d’abord considérée comme une icône de beauté et devient source d’inspiration pour de nombreux artistes et stylistes. Malgré son mariage avec Diego Rivera, sa vie amoureuse sera tumultueuse. Elle est ainsi perçue comme une pionnière de la libération de la femme dès le milieu du 20^e siècle, n’hésitant ni à revendiquer ses positions féministes avant l’heure, par exemple en incitant les femmes à réfléchir quant à leur rapport au corps, ni à dévoiler sa bisexualité. Elle exhorte la gent féminine à sortir du silence, de la soumission et à bousculer l’ordre machiste de la société mexicaine.

Engagement politique

Privée de maternité en raison de ses blessures irréversibles, Frida Kahlo se tourne rapidement vers la scène politique en prenant la défense des opprimés. Résolument patriote, anti-impérialiste et anti-américaniste revendiquée, elle s’inscrit au parti communiste mexicain en 1928. Elle sera proche du révolutionnaire russe Léon Trotski lors de l’asile politique de ce dernier à partir de 1937, lequel sera assassiné en 1940 dans une rue de Mexico par un agent infiltré de la dictature stalinienne.