Couleurs

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La photographie en couleur constitue un enjeu naturaliste important au XIX°s et compose l’essentiel de la production amateur de la seconde moitié du XX°s. La photographie en couleur relève d’une technologie complexe que l’industrie a rendu accessible au plus grand nombre.

François Arago formule le regret que la photographie ne soit pas en couleur et envisage, par là même, un programme de recherche pour sa réalisation. Ainsi les premiers résultats sont obtenus en 1848 avec Edmond Becquerel. L'image est un positif direct du spectre solaire enregistré sur une lame d’argent. Le procédé repose sur la sensibilité d’une seule substance, le chlorure d’argent, aux rayons colorés. La quête d’un procédé d’enregistrement direct des couleurs concentre l’attention de nombreux chercheurs au XIX°s. Pour que la photographie en couleur sorte du cadre restreint de la science et prenne une dimension industrielle, il a fallu renverser l'objectif initial d’une méthode directe pour une procédure indirecte.

A la séance du 7 mai 1869 de la Société française de photographie, Louis Ducos Du Hauron et Charles Cros présentent indépendamment un procédé de photographie en couleur. Alors qu’ils ne se connaissent pas, ils proposent des méthodes indirectes similaires. Au moyen de filtres, les inventeurs isolent chacune des trois couleurs (rouge, jaune, bleu), les enregistrent, puis obtiennent autant de tirages colorés selon la méthode pigmentaire. La dernière étape du processus consiste à superposer les trois tirages pour obtenir une image qui reproduit les couleurs naturelles. La procédure indirecte repose donc sur deux étapes : l’analyse puis la synthèse des couleurs. Mais ce nouveau procédé ne va pas connaître le succès escompté.

Le premier procédé industriel de photographie en couleur résulte à la fois de la méthode directe et indirecte. En mai 1904, les frères Lumières présentent devant l’Académie des Sciences « une nouvelle méthode d’obtention de photographie en couleur » qu’ils baptisent l’ « autochrome ». Cette technique repose sur l’usage d’un écran trichrome couplé avec une plaque noir et blanc, sensibilisée au gélatine-bromure d’argent. Jusqu’au milieu des années 1930, l’autochrome est le principal procédé en couleur utilisé en France. D’autres procédés sont commercialisés pendant le premier tiers du XX°s, mais l’autochtone est le plus couramment utilisé, le procédé des frères Lumières est celui qui permet le développement de la pratique de la photographie en couleur. A partir des années 1931, les industriels proposent des supports plus souples, plus commodes, et en 1935, de nouveaux procédés plus sensibles et mieux adaptés au petit format des appareils supplantent l’autochrome.

Pendant l’entre-deux-guerres, incités par l’industrie du cinéma, les producteurs de procédés photographiques en couleur se tournent vers le support souple en celluloïd, au format 35 millimètres. Les appareils de type Leica sont conçus pour utiliser ce nouveau standard et en 1939, la société Agfa produit un film négatif en couleur, le procédé dit « chromogène » composé de trois couches solidaires et colorées en jaune, magenta et cyan, dont la synthèse se fait lors du développement qui sur une procédure complexe. L’usage du film négatif suppose la production de tirages sur papier qui restituent les couleurs naturelles de la vue enregistrée.

Depuis le début du XX°s, la pratique de la photographie en couleur est considérée dans les cercles artistiques comme « vulgaire », jusqu’à l’avènement d’une génération de photographes documentaires américains, soutenus et exposés. Dans les années 1970, en France, less tirages en couleur sur papier RC (resin coated) deviennent le standard dans la pratique de la photographie amateur. Seules la photographie numérique et les imprimantes à jet d’encre sont venues troubler l’hégémonie du tirage couleur chromogène au début du XXI°s.

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