
Epoque | Contemporaine (1945-aujourd'hui) |
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Et si la Nature reprenait ses droits? Et si l’Homme avait failli à devenir “maître de la Terre”? Des grandes civilisations passées vivant en harmonie avec la Terre qui leur était donnée, il reste des édifices majestueux dont la beauté est parée de lianes, dont les espaces sont à présent habités par des animaux. La Terre et les animaux existent sans nous, ils n’ont pas besoin de l’Homme, c’est l’inverse qui est vrai. Alors qu’en serait-il, peut-être bientôt, de nos vastes et orgueilleux complexes urbains, de nos architectures massives, de notre volonté d’imposer notre marque, de laisser les traces de l’existence humaine, si la Nature décidait de ne plus se laisser faire, de réinvestir son espace ? Quels seraient les visages de ces nouveaux paysages ? Laissez vous conter « Il était une fois…demain » par Chris Morin-Eitner, artiste photographe et réalisateur, choisi pour présenter son travail lors de la COP21. avec Nicolas Hulot
Passionné par ses études d’architecture dont il est sorti diplômé, Chris Morin-Eitner a voyagé, beaucoup. La révélation a lieu lors de sa rencontre avec le temple d’Angkor dont les ruines, belles de ses lianes et racines cajolant les pierres, sont un lieu de vie et de liberté pour les singes. Alors il se prend à imaginer les espaces de notre civilisation où les pleins pouvoirs seraient rendus à la Nature, le monde vu renversé, où l’Homme est physiquement absent, dont les traces d’existence ne seront que certaines de ses créations artistiques, celles du street art et celles architecturales.
L’univers de Chris Morin-Eitner est joyeux et sa Statue de la Liberté elle-même, caressant les nuages, embrassée par les arbres et revêtue de tags, nous regarde amusée (photographie New York Liberté chérie Made in France). « La nature a repris ses droits, gentiment. J’insiste sur ce mot de “gentiment” : il n’y a pas eu de guerre ou de cataclysme. La nature est là, avec sa force tranquille. » nous dit Chris Morin-Eitner. Elle envahit, prolifère, s’impose, et le spectateur s’en réjouit. Une invitation au voyage avec les yeux de la fée clochette, c’est kitch et surréaliste, frais et coloré, percutant et joli. L’artiste a une ligne forte, la composition de photographies de bâtiments très connus du monde entier avec des détourages de photographies d’arbres, de plantes souvent exotiques, d’animaux sauvages, de tags et de logos. La musicalité du mélange étonne et attire. De l’Opéra Garnier au milieu de la savane où se pavanent les gazelles, au pont de Brooklyn dont les girafes sont les gardiennes telles de douces sirènes nous invitant à les suivre, ou encore à l’Arc de Triomphe dominé par un lion admirant son empire, à la Tour Eiffel transformée en jardin suspendu dont un perroquet garde le secret (photographie Paris tour Eiffel Vestiges en couverture du magazine Beaux Arts d’avril 2016 pour le dossier Spécial Paris architecture). Beaux arts avril 2016On entre dans chaque photographie comme si l’on passait par la porte de l’armoire ouvrant sur le Monde de Narnia, on pénètre un monde poétique et onirique, peut-être même magique. Nous retrouvons, en commun aux photographies, des plantes en éventail rappelant un masque Inca, des objets telles les éoliennes, symboles de la nouvelle énergie respectueuse de l’environnement. Mais pas seulement.
Chris Morin-Eitner est joueur et au cœur de ces photo-montages révélant une paix retrouvée, se cache dans les détails une intrigue à déchiffrer, celle du pouvoir de l’artiste à créer son univers, à la liberté de son imagination. Regardez de plus près. Que fait se bâtiment londonien en arrière plan de l’Arc de Triomphe ? Et cette fleur de paradis à New York ? Saurez vous reconnaître quel animal se cache dans l’ombre à la piscine Molitor ? Regardez, cherchez, gardez l’enfant en vous et prenez le temps d’apprivoiser cet univers unique qui fait déjà beaucoup parler de lui !