Epoque | Contemporaine (1945-aujourd'hui) |
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Part d'une série s'appelant L'Ecorce Poétique
L’Écorce Poétique
Je souhaite présenter une recherche sur les liens de notre vivant, ceux de notre corps à
l’espace, de notre vie dans la mémoire d’autrui.
Dans les arts plastiques, on transporte d’abord des choses le volume, et le mot le transperce.
Les Corps Poétiques
L’Écorce Poétique
Notre corps charnel est le support premier de notre vivant.
Puis viennent ses manifestations. La voix, l’odeur, la personnalité qui le meut. Les traces qu’il
décide. La vision que les autres en ont. La manière dont il est perçu, aperçu. Le souvenir qu’il
laisse.
Nous peuplons les mémoires.
Je souhaite, dans ma peinture, saisir ces manifestations et leurs complexités, les ramener à la
plasticité du corps. Les adjoindre et les mélanger. Que le visuel et le volume encapturent ce
mystère cristallisé de notre vivant.
Ces manifestations peuvent être concrètes, nos gestes, nos ambitions, nos évolutions, nos
intentions et nos idées. Ou bien dans l’esprit des autres. Comment ils nous perçoivent et la
trace qu’on leur laisse. Et si parfois nous sommes non à l’aise avec nous-même, notre corps
et la vie qui l’anime, dans la mémoire des autres nous existons toujours. En projection d’un
futur à rejoindre et partager à deux, en affection et pensées émotionnelles ou en souvenirs.
Nous avons notre propre vie dans la mémoire d’autrui. Comme des petites vies parallèles.
Indépendantes et inspirées. Qui nous reviennent comme une pluie, fine et discrète, dans notre
vie. Et nous influencent à leur tour. Jusqu’à créer de nouveaux gestes, de nouvelles ambitions,
de nouvelles évolutions, de nouvelles intentions…
J’essaie de capturer ces émanations de vies protéiformes et de les recoller sur le volume du
corps du modèle, donner un sens à l’insensoriel. Une forme et un volume aux idées, une
matière aux émotions. Une couleur à la force et au mouvement.
De façon purement physico-chimique, nous existons dans l’air qui nous entoure. De façon
naturellement plastique, nous amputons l’espace alentours du volume de notre corps.
Déplaçons d’une pièce l’oxygène en négatif de notre présence.
L’air que nous contaminons de notre existence, de notre volume. Qui le déplace, qui le
caresse, comme une danse amoureuse entre nous et l’espace. L’atmosphère en creux du
volume de notre corps.
Je veux représenter ce vivant sur la toile qui l’accueille.
Rééquilibrer les manifestations extérieures et intérieures dans la surface et le mouvement,
voyage extatique et poétique, de cette absorption de la vie.
Liso Cassano