Nicolas Lespagnol

  • Pays : France
  • Nombre d'oeuvres : 12
Biographie

Le réel – l’extraordinaire normal

Une fois, je me suis dit : « …..Ce n’est pas nous qui regardons la nature, c’est la nature qui nous regarde… », du coup , je me suis senti immergé, vu de toute part autour de moi.

Le réel
Je ne m’échappe jamais du « réel » qui est l’essence de la photographie. Une photographie trop transformée devient une « peinture ». Et perd son caractère de photographie. Trouver l’extraordinaire dans le « réel normal », pour éviter une trop grande part de subjectivité qui je pense perd de sa force au fil du temps. Rien ne doit être caché au spectateur. C’est à la fois la contrainte et la force de ce médium si brut
Je photographie pour le spectateur. Sans me détacher de ma recherche personnelle, je pense beaucoup au spectateur. J’essaye de lui donner les conditions pour qu’il se dise qu’il aurait pu faire cette image, ou la voir. Donc j’élimine les particularités qui pourraient être trop personnelles ou exprimer une contingence spéciale. Je préfère les situations les plus courantes pour atteindre le « général » plutôt que de beaux instants particuliers. Mes photographies sont prise à l’horizontale, sans angle particulier, avec une focale proche de celle de l’œil. Le principal est de transmettre un « extraordinaire normal ». Tout est possible pour les peintres, ils créent de toutes pièce, peuvent enjoliver, tirer parti d’un « procédés » technique. Devant une photographie, le spectateur ne part pas de rien. Il a un réel qu’il connait et qui est d’abord mis a plat. Pour surprendre le spectateur, le photographe doit s’employer autrement.


Le lien avec la peinture abstraite.
Je souhaite retrouver mes émotions issues de la « peinture » dont le champ d’expression est le plus large, le plus neuf, et plus expressif des arts visuels, et tellement d’actualité. Pour cela, il me faut dépouiller le plus possible la photographie de l’impression de réel qu’elle apporte tout en conservant ce réel brut. M’abstraire, décaper la photographie de tous les aspects comme le temps, la profondeur, l’espace, le haut et le bas, la masse et le poids des choses. Cette recherche d’abstraction doit aussi permettre d’éliminer le plus possible le sens que la situation pourrait apporter. Il ne me rester ainsi que la Nature. Une nature sans trace d’humain, la forme et la couleur. Comme un archéologue nettoie pour atteindre l’origine des choses, je cherche un peu à décrypter le « génome » de la photographie. Par la peur de la désuétude, je poursuis la permanence, l’essence des choses. L’instant capté peut-être extraordinaire, merveilleux. Mais il peut être tout aussi fortuit, parfois même accidentel donc loin de la permanence. Il me manque l’instant d’avant et celui d’après la prise de vue. Retirer le sens, les idées, qui finissent par des comparaisons même minimes, et aussi des jugements qui alourdissent. Les personnes, objets, situations constituent un « évènement », la partie documentaire. S’ii subsiste une partie de mystère ou d’incompréhension dans l’image même si sa composante documentaire est forte, je peux l’aimer. Sinon, il me faut une image sans aspect documentaire.
Magritte employait très souvent le mot « mystère ». Les associations baroques ou incongrues des sujets peints confrontées aux titres consternants sont aussi là pour s’éloigner de la réalité


Éliminer le temps
L’instant précis capté semble découvrir un détail caché essentiel mais , en fait, souvent, il exclut l’instant d’avant puis celui d’après. Même si cet instant est beau, il réduit à un détail et je ne peux pas accéder au « général » . L’instant s’efface vite, il est déjà mort. le « général » ou son impression , capté par le photographe, devient naturalisé et un peu immortel. Alain Fleischer n’aime pas le temps capté, mais lui travaille sur un « temps sans instant », un temps cinématographique, un « temps qui se dépose (sur la photographie) », une durée. Je préfère l’éliminer, encore l’envie d’abstraction, de permanence. Que les instants d’avant et après se rapprochent ou soient, en fait, les mêmes que celui du temps capté….pour qu’il n’y ait plus de durée.

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