Banksy (D'après / After)
Un bon magicien ne révèle jamais ses tours de magie dit-on, et s'il en était de même pour les acteurs du street art et leur identité ? C'est en tout cas de mise pour Banksy. Si tout le monde connait son nom d'artiste, son identité reste pour le mieux dissimulée et participe au mythe qui l'auréole. De nombreuses théories tentent de dévoiler son véritable nom au grand jour, mais rien n'a était encore avéré, et c'est tant mieux !
Pour aller contre ce mystère et lever le voile autant que possible sur cet anonymat plusieurs curieux mènent l'enquête. Des estimations permettent de dresser un certain profil du graffeur, le faisant naître en 1974 et grandir en Grande-Bretagne, non loin de Bristol. Il débute à l'adolescence dans la scène underground de la région et fait ses armes au sein d'un groupe de graffeurs du nom de Bristol's DryBreadz Crew (allias DBZ) avant de devenir une star de l'art urbain.
C'est dans les années 80 qu'il développe son style, période propice au développement du milieu alternatif. Banksy s'inscrit dans la même veine que les artistes de rue émergents en France à la cette époque, à savoir Blek le Rat, dont le travail est similaire, mais aussi Ernest-Pignon Ernest, Miss Tic ou encore Jeff Aérosol.
Le pochoir dans les rues, dont Banksy est devenu le véritable ambassadeur, va dans un premier temps s'imposer à l'artiste britannique pour des raisons pratiques. Il est souvent trop lent durant ses premiers graffs et se fait souvent surprendre sur le fait. Cette technique lui offre donc rapidité et efficacité, et ne va par la suite plus le quitter.
Il confectionne lui-même ses patrons et les accompagne quelque fois de slogans pour souligner ses propos. Artiste engagé et subversif, Banksy s'attaque aux injustices sociétales et cherche à la dénoncer. Anticapitalisme, antisystème, il défend son idéologie avec humour et lorsqu'il parle politique n'omet pas d'y insérer une certaine poésie. Deux, policiers qui s'embrassent, une petite fille qui perd son ballon, un militant s'apprêtant à dégoupiller un bouquet de fleurs, autant d'images qui ont mainte fois circulé pour leurs caractères symboliques et percutants. Banksy s'amuse à mettre en scène ce genre de personnages de façon récurrente, des policiers et des enfants, mais aussi des soldats, des personnes célèbres ou du troisième âge ou encore des animaux, en particulier les singes et les rats.
Mais comment rester anticapitaliste quand on devient un artiste bankable ? Pour répondre à cette problématique, Banksy a voulu défier le marché de l'art en 2013 en vendant ses œuvres en plein Central Parc pour des sommes dérisoires, de façon anonyme, bien sûr. Une opération qui n'a pas manqué de faire du bruit une fois révélée.
Banksy n'en était pas à son premier tour de passe-passe. Il a depuis longtemps fait de son art une réelle performance. Lors du festival du Nothing Hill en 2004, l'artiste a mis en circulation quantité de faux billets de 10 pound. Au lieu d'y voir le visage de la Reine Elisabeth II, c'est celui de Lady Diana qui s'est apposé sur cette nouvelle monnaie, n'étant plus la propriété de la « Bank Of England » mais celle de « Banksy of England ».
Il poursuit son ascension et se diversifie toujours plus, mais avec les mêmes intentions. En 2010, il réalise un docu-fiction "Faites le Mur !" filmé par Thierry Guetta, qui suit le quotidien des artistes Invader, Shepard Fairey, Mr Brainwash et Banksy et s'attaque aux clichés qui touchent le street-art. Puis en 2013, il investit la ville de New York avec ses pochoirs et des installations sous le titre "Better out than in". A la croisée des chemins entre le jeu de piste et la galerie éphémère à ciel ouvert, il ouvre un marathon artistique en dévoilant chaque jour une œuvre à découvrir dans la ville.
Enfin, c'est en 2015 que l'on a pu assister au plus grand tour de force du street artist. Pour aller toujours plus loin dans sa critique de la société consumériste, il ouvre les portes de Dismaland ! Un Parc d'attraction grandeur nature où tout semble nauséabond. Pour l'occasion, 57 artistes se sont retrouvés et ont mené à bien ce projet. Une action de plus qui participe à écrire l'histoire de bansky et à l'inscrire dans les mémoires du street-art et bien au-delà, de l'art en général. Banksy a également rendu hommage aux victimes des attentats du 13 Novembre avec plusieurs oeuvres dans Paris.