Art, cinéma et peinture : des domaines de la création a priori hermétiques dont les passerelles sont pourtant bien concrètes. Depuis la naissance du cinéma en 1895, l’art sous ses formes les plus diverses (peinture, sculpture, photographie, etc.) et le cinéma se nourrissent et s’influencent jusqu’à parfois embrasser les mêmes desseins. Au point que certains critiques en viennent à affirmer que toute l’histoire de l’art est à refaire via le prisme de la pellicule! Pour notre part, nous nous contenterons ici d’une petite mise en perspective des points communs associant art et cinéma. (Illustration: Mulholland Drive, par David Lynch.)
Art, cinéma et peinture: évolution historique de l’interpénétration de différentes formes de la création
La prégnance de l’influence des peintres impressionnistes à l’expressionnisme cinématographique allemand
La famille Renoir, symbole de l’unification de l’art, du cinéma et de la peinture
Le cinéma est inventé à une époque où le courant pictural impressionniste se situe à son apogée. La première incidence de l’art sur le cinéma est donc celle-ci, même si elle ne sera transposée sur bande que des années plus tard : une vision nourrie par l’héritage des grands maîtres que sont Manet, Cézanne, Degas, Monet, Caillebotte ou Pissarro. Le cinéaste Jean Renoir ne cachera jamais son admiration pour Manet ainsi que pour son père, Auguste. À titre d’exemple, de nombreuses scènes du film Une partie de campagne réalisé par Jean Renoir en 1936 – une adaptation de la nouvelle éponyme de Maupassant - font référence à la période impressionniste.
De Murnau à Fritz Lang
Dans la première vague rapprochant art et cinéma, citons également le mouvement expressionniste de l’entre-deux-guerres. Friedrich Wilhelm Murnau dans Nosferatu (1922), Robert Wiene dans Le Cabinet du docteur Caligari (1920) et Fritz Lang dans Metropolis (1927), Le Testament du docteur Mabuse (1933) ou M Le Maudit (1931) s’inspirent d’une esthétique réinterprétée empruntant à la Nouvelle Objectivité de Max Beckmann, Otto Dix, Emil Nolde, Vassily Kandinsky ou George Grosz. La corrélation entre arts plastiques, peinture et cinéma est déjà évidente. Edward Hopper employait par exemple des techniques de composition et de cadrage similaires aux films expressionnistes des années 1930-1940.
Des mouvements futuriste, dadaïste et surréaliste à David Lynch
Dès la fin du 19e siècle et des premiers films enregistrés à partir de 1891 par Thomas Edison puis par les célèbres frères Lumière, le cinéma trône à l’avant-garde de la création. Sa rencontre avec les autres formes artistiques qui lui sont antérieures remonte aux années 1910.
Ode à Dada
Dans les pas de la photographie qui se démocratise, le futurisme italien prône l’avènement de la machine et de la technologie permettant la vitesse et le mouvement. Le film Thaïs réalisé par Anton Giulio Bragaglia en 1917 illustre bien cette nouvelle appétence pour l’art mélangé au cinéma, notamment par l’utilisation de lignes géométriques très contrastées incorporées dans les décors.
Dans les années 20, les dadaïstes estiment que le cinéma s’applique parfaitement à leur vision de l’art. De nombreux artistes se lancent dans le cinéma expérimental afin d’étudier les notions de rythme et de mouvement, à l’image de Hans Richter (Rythmus 21, 1921), René Clair et Francis Picabia (Entr’acte, 1924), Man Ray (Le retour à la raison, 1923) ou Fernand Léger et Dudley Murphy (Le ballet mécanique, 1924). Héritiers de Dada, les surréalistes leur emboîtent le pas, notamment avec Un chien andalou (1929) de Luis Buñuel.
Les descendants d’Hitchcock
Durant les années 50 et 60, les échanges entre art et cinéma se multiplient sous la houlette de réalisateurs comme Alfred Hitchcock aux États-Unis, fan du peintre Edward Hopper que l’on retrouve ici en tant que source d’inspiration, et François Truffaut et Jean-Luc Godard en France. On ajoutera aussi à ces noms celui du réalisateur français Henri-Georges Clouzot dont la passion pour l’art est exprimée dans des films tels que L’Enfer (1964) ou La Prisonnière (1968).
Plus près de notre temps, le travail d’un cinéaste comme David Lynch associe brillamment art et cinéma en instituant des atmosphères particulières empruntant à ces divers champs de la création: Blue Velvet (1986), Lost Highway (1997), Mulholland Drive (2001) ou la série Twin Peaks (1992 et 2017) sont considérées comme des références en la matière.
Dans Au revoir là-haut (2017), le français Albert Dupontel excelle dans son approche picturale du récit en retranscrivant magnifiquement l’ambiance art déco collant au thème de son œuvre.
Les différentes formes d’expression reliant art, cinéma et peinture
Les différents moyens d’expression associant art et cinéma mettent en avant, entre autres :
Le Pop Art
Illustre figure du Pop Art américain, Andy Warhol reprend avec brio les codes issus du cinéma. Il est proche de stars telles que Marylin Monroe et Liz Taylor et s’est lui-même essayé à l’usage de la caméra avec Sleep (1963) et Vinyl (1965).
L’Art vidéo
Cette discipline est une référence pour de nombreux plasticiens qui n’hésitent pas à faire de la vidéo de véritables œuvres d’art. Mentionnons Sophie Calle avec No sex last night (1995) ou encore les œuvres de Chantal Akerman, Larry Clark ou Bill Viola, maître des installations vidéo engagées. En France, le réalisateur et homme de télévision Jean-Christophe Averty fait figure de pionnier de l’art vidéo transposé au petit écran. Si le sujet vous intéresse, l’ouvrage concis publié par Jacques Guyot en 1997, Les techniques audiovisuelles, s’avérera une lecture recommandée.
Les biopics : panorama de quelques films associés à l’art
Sur grand écran, art, cinéma et peinture s’entremêlent très souvent sous la forme de biopics, ce genre cinématographique qui retrace ou adapte la vie de personnalités célèbres. On ne compte plus les œuvres de ce type qui foisonnent surtout depuis les années 1990. Si leur valeur artistique se veut fluctuante, certains d’entre eux méritent assurément le détour. En voici une petite liste:
- La vie passionnée de Vincent Van Gogh (1956), de Vincente Minnelli et George Cukor;
- Surviving Picasso (1996), de James Ivory;
- La jeune fille à la perle (2003), de Peter Webber, film sur le peintre baroque néerlandais Johannes Vermeer;
- Frida (2002), de Julie Taymor, film sur Frida Kahlo;
- Renoir (2011), de Gilles Bourdos, film sur le célèbre peintre impressionniste;
- Pollock (2000), de Ed Harris sur l’univers de l’iconique peintre expressionniste abstrait Jackson Pollock;
- Klimt (2006), de Raoul Ruiz, film sur le grand Gustav Klimt;
- Modigliani (2003), de Mick Davis;
- Lautrec (1997), de Roger Planchon;
- Little Ashes (2008), de Paul Morrison, film sur la vie de Salvador Dali;
- Mr Turner (2014), de Mike Leigh, film sur les dernières années de l’existence du peintre britannique J.M.W. Turner (1775-1851);
- Cézanne et moi (2016), de Danièle Thompson, film mettant en scène les personnages de Paul Cézanne et Émile Zola;
- Van Gogh (1991), de Maurice Pialat;
- Camille Claudel (1988), de Bruno Nuytten;
- Love is the devil (1998), de John Maybury, film qui porte un regard particulier sur la vie de Francis Bacon;
- Basquiat (1997), de Julian Schnabel;
- Egon Schiele (2016), de Dieter Berner;
- Warhol (2021), de Terence Winter et Victor Bockris.
Cette liste de films associant art, cinéma et peinture n’est bien sûr pas exhaustive!
En vous souhaitant de belles découvertes artistiques et cinématographiques, nous vous donnons rendez-vous très prochainement pour de nouvelles actualités. D’ici là, n’hésitez pas à parcourir les pages de ce site à la découverte de tableaux, photographies, sculptures, dessins et éditions limitées conçues par de brillants artistes. Merci et à très vite sur le blog Artalistic!
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