Figure majeure de l’art contemporain international et passage de témoin entre deux siècles de modernité (20e et 21e siècles), Pierre Soulages est éternel. L’exposition consacrée au maître et inventeur de l’«outrenoir» par le musée de Rodez, de juin 2023 à janvier 2024, nous le rappelle de la plus belle des manières, alors que disparaissait il y a un an, le 25 octobre 2022, une signature singulière et éminemment importante de l’histoire de l’art.

Photo: Rémy de la Mauvinière (AP-SIPA).



Une exposition immanquable sur les œuvres de 2010 à 2022  



À la fois moderne et contemporain, Pierre Soulages (1919-1922)est associé dès la fin des années 1940 à l'art abstrait. Ce grand nom de l’art est très connu pour son usage particulier des reflets de la couleur noire, termes génériques désignés sous les appellations «outrenoir» ou «noir-lumière». Nous vous en parlions il y a quelque temps dans un article consacré à son œuvre.



Un siècle d’histoire artistique

Pierre Soulages, c’est aussi une vie de plus d’un siècle dédiée à la création sous ses formes les plus variées, de la décoration théâtrale à la gravure, en passant par le travail sur céramique ou l’activité d’illustrateur. Une immense carrière d’une richesse inouïe dont les derniers développements picturaux sont mis à l’honneur en ce moment par le musée Soulages de Rodez à travers l’exposition «Les derniers Soulages: 2010-2022».



Des tableaux de Pierre Soulages encore jamais exposés

Même au crépuscule de sa vie, Pierre Soulages continuait à peindre. Directeur du musée, Benoît Ducron explique que l’artiste a créé environ 300 tableaux au cours des dix dernières années de son existence, dont une cinquantaine est mise à l’honneur lors de cette exposition temporaire. Ils proviennent de l’atelier de l’artiste et de collections privées.



Direction Rodez au musée Pierre Soulages!

Sa toute dernière toile, datée du 15 mai 2022, soit moins de six mois avant sa disparition, a été réalisée sur sa terrasse ouverte sur la mer Méditerranée. Cet ultime tableau empli de nostalgie côtoie six autres œuvres tardives de Pierre Soulages en provenance d’une donation effectuée par la veuve du créateur aveyronnais. Un ensemble de cinq peintures, de grands formats verticaux, sont également réunis pour la première fois jusqu’au mois de janvier 2024. Il est encore temps de vous rendre à Rodez si ce n’est déjà fait!



Même après sa mort Pierre Soulages continue à faire l’actualité!



D’une rive à l’autre

L’éditeur Actes Sud a récemment publié un excellent ouvrage, «Soulages, d’une rive à l’autre», un livre parfait pour se plonger dans le parcours de Pierre Soulages. Écrit par  Michaël de Saint-Chéron et Matthieu Séguéla, ce volume met l’accent sur l’œuvre ainsi que sur le cheminement  du natif de Rodez.

On y découvre les références qui ont amené Pierre Soulages à peaufiner une vision inimitable de l’archéologie et l’art pariétal à l’abstraction en passant par Conques et l’art roman. Des noms tels que ceux de Picabia, Hartung, Atlan, Senghor, Georges Duby ou Jacques Le Goff apparaissent au cours d’un récit passionnant, sans oublier le Japon, pays que Pierre Soulages appréciait.

En toile de fond, on distinguera une analyse érudite de l’ «outrenoir» via le prisme novateur de sa confrontation à l’histoire du XXe siècle et au dialogue des cultures et des arts.



Le mystère de la liquéfaction des tableaux

Pierre Soulages a récemment fait également l’actualité à propos du mystère entourant la liquéfaction de la peinture de certaines de ses œuvres. En effet, les couches de peinture apposées sur certains de ses tableaux exécutés dans les années 1960 ont tendance à se ramollir et à couler.

Cet étrange phénomène interpelle les scientifiques qui sont pour l’heure incapables d’en expliquer la raison. Habituellement, lorsqu’une peinture vieillit, elle se craquelle et devient cassante, à l’inverse de ce qui est observé avec ces toiles de Soulages.



Une mission d’investigation

Une mission d’inspection a été confiée à une équipe du CNRS et à l'Institut d'optique de Saint-Étienne. L’objectif vise à tenter d’expliquer le phénomène et surtout à proposer des techniques qui pourraient permettre de limiter, voire de prévenir les altérations observées sur les tableaux.

Les toiles concernées ont été peintes entre décembre 1959 et mars 1960.

Deux arguments ont pour l’instant été retenus: une peinture de mauvaise qualité vendue par le fournisseur et des conditions de séchage qui n’auraient pas été optimales. «Ce sont des toiles qui ont été exposées immédiatement après leur création, dans des expositions qui sont parfois parties très loin, donc qui ont été stockées tout de suite dans des caisses, mises dans l'obscurité et avec des variations de climat», livre Pauline Hélou de la Grandière, restauratrice spécialiste de Soulages. Affaire à suivre!



N'hésitez pas à visiter le musée Pierre Soulages de Rodez afin de rendre un dernier hommage au peintre français et de profiter d’une exposition exceptionnelle. Vous pouvez également parcourir les différentes galeries de ce site à la découverte d’une multitude d’œuvres d’art contemporain, peintures, dessins, sculptures, photographies et éditions limitées signés par des artistes reconnus et émergents. À bientôt pour de nouvelles actualités artistiques, avec Artalistic, bien sûr!