Secteur à part entière de la sphère artistique connaissant ces dernières années une expansion notable, l’art digital est accusé de l’émission de millions de tonnes de dioxyde de carbone néfastes pour la planète déjà en surchauffe. Au centre des débats, les fameux NFT reposant sur la technologie de la blockchain sont pointés du doigt. Qu’en est-il réellement de l’impact environnemental de l’art numérique, des NFT et du crypto-art? Artalistic vous propose un état des lieux actuel.



Impact environnemental de l’art numérique et des NFT: observations et critiques



Nous avons dernièrement publié plusieurs articles sur le phénomène de l’art digital qui explose littéralement depuis une dizaine d’années, au point de révolutionner possiblement le marché, du moins de le diversifier vers des territoires inexplorés. Les NFT et les artistes qui y sont associés défrayent la chronique, les records de vente se succèdent et l’engouement pour cette nouvelle forme artistique ne semble pas faiblir.



Le revers de la médaille

Si cette tendance a de quoi réjouir en regard d’une certaine démocratisation de l’art et d’opportunités inédites pour la création, notamment en ce qui concerne les jeunes générations portées sur les nouvelles technologies capables de briser les codes, les critiques se font de plus en plus sévères quant au désastre écologique que représenterait le phénomène, pointant, arguments à la clé, l’impact environnemental du numérique et des NFT.



Une empreinte carbone désastreuse

L’engouement généralisé autour de la légitimité, de la visibilité et de la popularité de l’art digital est en effet contrebalancé par son empreinte carbone pour le moins élevée. La situation est à mettre en corrélation avec la grande consommation d’énergie des machines et serveurs constitutifs de la blockchain.

Puisqu’un exemple sera plus parlant, prenons celui du GIF NFT «Space Cat» (représentant un chat dans une fusée se dirigeant vers la lune) qui équivaut à la consommation d’électricité d’un résident européen pendant deux mois. Le problème est que ce cas est loin d’être isolé, comme le rapporte une analyse de l’artiste numérique Memo Atken qui est parvenu à la conclusion que l’empreinte moyenne d’un NFT correspond à plus d’un mois d’électricité consommée par un habitant du vieux continent.



Impact environnemental de l’art numérique et des NFT: une consommation énergétique élevée

Si l’incidence carbone globale du monde numérique représentera 9% des émissions de gaz à effet de serre en 2025, l’impact environnemental des NFT depuis leur apparition ne risque donc pas d’améliorer la situation.

Dans le cas présent, le problème réside dans leur consommation importante d’énergie, et plus précisément celle de la blockchain qui leur donne vie. Cette technologie est composée de blocs d’informations binaires qui enregistrent des transactions et des échanges de signaux sur un réseau.

Les réseaux Bitcoin et Ethereum sont les plus connus, et la majorité des supports de l’art digital passe par cette dernière blockchain Ethereum. Problème: celle-ci est considérée comme très énergivore et son impact environnemental numérique est réel. Mais les choses ne sont pas figées et l’évolution récente de son protocole rebat les cartes.



La blockchain Ethereum opère sa mutation verte



PoW et PoS

De manière générale, les blockchains fonctionnent selon deux algorithmes de consensus différents, centralisés et sans aucun intermédiaire:

- le PoW (Proof of Work/Preuve de Travail): il comprend d’énormes pools de minage, des personnes possédant le matériel informatique nécessaire pour miner la chaîne et maintenir sa puissance. Ce protocole est très gourmand en énergie;

- le PoS (Proof of Stake/Preuve d’Enjeu): plus récent, il permet aux personnes (les forgeurs) de construire des blocs en mettant en jeu des jetons (tokens), par exemple des actifs de cryptomonnaies. Ce protocole se montre beaucoup moins énergivore. Il offre en outre une meilleure scalabilité (c’est-à-dire la capacité d'adaptation d'un réseau à une forte demande) et débouche sur des transactions beaucoup plus rapides et à moindre coût.

Le protocole PoS semble représenter l’avenir de la blockchain dans la mesure où il améliore les conditions de création et de cession des NFT d’un point de vue énergétique, réclamant nettement moins de ressources que le protocole PoW.



Ethereum 2.0

Alors que la blockchain Ethereum, celle par laquelle transitent majoritairement les œuvres d’art digital, reposait jusque récemment sur le protocole PoW, ses principaux instigateurs, dont l’entrepreneur et informaticien russo-canadien Vitalik Buterin, ont annoncé le passage au protocole PoS, réalisé en septembre 2022.

Baptisée The Merge, l’opération a été qualifiée de succès et pourrait à terme redorer le blason de l’Ethereum, dont le cours est en forte baisse depuis 6 mois, à l’instar, d’ailleurs, de celui des autres cryptomonnaies. Surtout, cette révolution devrait avoir des conséquences importantes et immédiates sur l’impact environnemental de l’art numérique et des NFT: avec Ethereum 2 et le protocole PoS, la consommation d’énergie de la blockchain serait réduite de 99,95%, ce qui est considérable.



Quid de l’impact environnemental futur de l’art numérique et des NFT?

Cette annonce a de quoi ravir les défenseurs de l’univers crypto et, par extension, celui de l’art digital. Pour autant, l’industrie du crypto-art demeure toujours confrontée à cet enjeu majeur de respect de l’environnement. La problématique écologique est au cœur des questions sociétales contemporaines et les règles devraient encore évoluer dans un avenir proche.

Ainsi, de nombreux professionnels du secteur rassemblant 200 entreprises d’envergure entendent se réunir rapidement afin de définir un accord mondial de réduction de l’empreinte carbone des cryptomonnaies. Le Crypto Climate Accord devrait à terme fixer des objectifs résolument élevés: une transition vers les énergies renouvelables d’ici 2030 pour toutes les blockchains, avec une empreinte carbone nette réduite à zéro d’ici l’année 2040. L’ambition est belle, même s’il faudra attendre pour juger de sa réelle réussite qui est celle du gommage complet de l’impact environnemental du numérique relatif à la blockchain.

D’ici là, et même si chacun se fera son propre jugement, il peut apparaître plus sage d’investir dans le modèle traditionnel de l’art. Vous aurez l’embarras du choix en visitant les galeries de la plateforme Artalistic qui recense une profusion de peintures, photographies, dessins, sculptures et éditions limitées d’œuvres réalisés par des artistes contemporains reconnus ou émergents.